adieu à Jean Ferrat
Le chanteur Jean Ferrat nous a quitté ce 13 mars 2010
Lorsque Jean Tenenbaum naît à Vaucresson dans les Hauts de Seine, le 26 décembre 1930, rien ne laisse présager un destin unique. Il est le dernier enfant d’une famille de quatre, fils d’un joaillier et d’une fleuriste.
En fréquentant les cabarets avec ses amis, il se lance dans la musique, en écrivant sous le pseudonyme de Jean Laroche et en jouant de la guitare dans un orchestre de jazz.Ses premiers succès, il les doit à Aragon en adaptant Les yeux d’Elsa, poème de l’écrivain français que Jean Ferrat admire beaucoup. En 1957, ses débuts sur scènes ont lieu à La Colombe, en première partie de Guy Béart.De concerts en albums, Ferrat obtient un succès grandissant, jusqu’au troisième album Nuit et brouillard, dont le thème principal est la déportation, qui marque les esprits et fait de Ferrat un artiste à part.Ce sont surtout ces deux titres que sont La montagne (1964) et Potemkine (1965) qui propulse Ferrat au sommet. Mais l’homme sait rester humble, et tout en continuant sa carrière, de Bobino à l’Alhambra, il s’installe à Antraigues, au coeur de l’Ardèche, et s’isole pour vivre la vraie vie.
Artiste engagé, et artiste très populaire, bien que largement diffusé par les postes périphériques, est rarement passé sur les écrans de la télévision. Il accuse le système commercial qui fait passer les considérations financières avant la chance donnée aux artistes créatifs. Publiant des lettres ouvertes aux différents acteurs de la vie culturelle, présidents de chaînes, ministres, il dénonce une programmation qui selon lui privilégie les chansons « commerciales » aux créatifs.
Salut à toi, l'artiste !
Le vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie ...
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison ...
M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l'océan
M'en voudrez-vous beaucoup si la révolte gronde
Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents
Ma mémoire chante en sourdine
Potemkine
Ils étaient des marins durs à la discipline
Ils étaient des marins, ils étaient des guerriers
Et le cœur d'un marin au grand vent se burine
Ils étaient des marins sur un grand cuirassé
Sur les flots je t'imagine
Potemkine ...
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